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La tristesse des autres... et son inconfort

« Gang, j’ai perdu ma job. J’ai honte, je me sens mal. Si mal. Je ne sais pas ce que je vais faire, j’ai peur et j’ai honte. »


Silence radio.


Devant mon annonce, devant ma peine, mes amis ne savaient comment réagir ou comment me recevoir. Pour certains, l’incompréhension. Pour d’autres, l’incrédulité. Peut-on comprendre ce qu’on n’a pas vécu? Peut-on être empathique à une situation qui ne nous touche en aucun cas?

Je n’avais jamais connu de mise à pied auparavant et j’avais désormais l’impression d’être incompétente, d’avoir échoué, de ne pas avoir été assez.


Je sentais l’urgence de trouver autre chose, et vite. Il n’y avait plus de place à la passion, à la reconnaissance, à la mise à profit de mes talents. Travailler, avoir une paie, quelle que soit la job. Sauf que je ne fonctionne pas ainsi. J’ai besoin de m’épanouir, d’être stimulée, de mettre l’épaule à la roue, de sentir que je contribue à une cause, à une entreprise dont je partage les valeurs.

Est-ce que j’aurais pu réagir avec moins d’intensité? Oui. Avais-je le détachement nécessaire pour le faire? Non.


J’avais besoin de parler, j’avais besoin de me dire. Mais ma phrase a résonné dans le vide.

La tristesse rend maladroit. À défaut de savoir quoi répondre, on ne dit mot. Et c’est là que le mat blesse. Et c’est là qu’on a besoin de plus d’outils, mais aussi d’émotions, de vrai, de cru.

Je préfère qu’on se mette à nu maladroitement quitte à s’enfarger dans nos sous-vêtements plutôt que de rester au chaud, mais froid, vide, sans réaction, figés devant l’émotion.


Que ce soit la perte d’un emploi, d’un être cher, un accident, l’annonce d’une maladie, l’infertilité, un incendie, les occasions dans la vie pour perdre pied et perdre de la vue d’ensemble sont fréquentes.

Que peut-on ou doit-on répondre à la tristesse des autres?

Rien de parfait, rien de prédéfini. Juste répondre avec l’émotion du moment. Juste tendre une main, une épaule, une oreille. Tendre vers l’autre afin de lui permettre de se déposer, l’espace d’un instant.

Qu’as-tu à dire, mon amie? Que veut ton cœur? Deep down, qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qui résonne? Go. Explore. Explose. Tu as le droit.


On est là. On est juste là. À côté. Tout près. La main dans la tienne.


Dis-moi que je partage ton chagrin, tes peurs, ton incertitude. Mets les mots que tu veux, mais permets-toi de les sortir, à l’endroit ou à l’envers, tout croche ou à la perfection. Nomme ma belle. Nomme ce qui t’habite qu’on puisse l’accueillir ensemble.


Ça ne fait pas de sens ce que tu dis, ce que tu sens? It’s ok. Everything is ok. Pleure belle amie, pleure. Je ne changerai pas de sujet. Je ne te raconterai pas maladroitement ma journée de travail. Je ne vais pas te gaver de phrases préfaites. Je vais être là. Juste là.


Je n’ai pas peur de voir les larmes dans tes yeux. J’en ai vu d’autres. Les miens aussi.


Demain, on va remonter la pente. Aujourd’hui, on pleure.




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