Quel que soit le coup dur que l’on traverse, le mot d’ordre semble toujours être le même. « Sois forte ». Oh, c’est dit en encouragement, bien sûr. Mais l’est-ce vraiment? Qu’est-ce que cela signifie au juste? Allez, tête haute, essuie tes larmes, ta peine, ravale ta rage, ta colère, ta peur, ta culpabilité. Chin up! Souris! Avance! Relève-toi! Ravale! Oublie la honte, les sentiments, les émotions. Oublie! Avance et ravale! Contrôler, gérer, maîtriser.
« Elle n’a même pas pleuré ». « Elle a perdu sa mère hier et elle est déjà de retour au travail ». « Elle a accouché, déchiré, tout donné ce qu’elle avait, et elle est déjà à retourner ses messages, voir aux comptes, satisfaire les clients ». Woah, elle est forte!
Mais c’est quoi, vraiment, réellement, être forte? Parce que je n’y crois pas une seconde. Ce n’est pas possible que de mettre de côté ce qu’on ressent, ce qu’on vit, ce qui se passe en dedans, ce soit ça, être fort. Pour moi, la force c’est d’accueillir ce qui est là. C’est la laisser sortir, cette peine, cette rage qui nous tenaille, qui nous déchire. C’est être capable de dire « non, ça ne va pas bien ». C’est être capable d’aller chercher de l’aide au besoin. D’aller creuser, d’aller voir ce qui se passe en dedans. C’est de se relever, malgré les moments durs. Malgré les épreuves, malgré les déceptions, les frustrations. C’est continuer d’avancer même quand on a juste envie de s’écraser. C’est être capable de se prendre dans ses bras et de se dire « c’est ok… tu as le droit de ressentir ce que tu ressens ». Vas-y, vis-le, sors-le, évacue-le. Ça t’appartient et tu y as droit .
Tu vis une injustice et tu as envie de frapper partout? Go! Pogne ton oreiller et frappe. Sors ce qui est là. TU AS LE DROIT! La personne que tu aimes t’as laissé et tu ne peux t’imaginer vivre sans lui? Braille! C’est OK! Pas toute ta vie, pas pendant des années. Mais laisse-toi le temps. TU AS LE DROIT! Vis ce qui est là. Vis ce que tu as à vivre. Sors ce qui se présente.
Pleure si tu as besoin de pleurer. Crie si tu as besoin de crier. Fais ce qui, toi, peut t’aider.
Il n’y en a pas, de réponse parfaite, de vérité absolue. Arriver à continuer à rire une fois de temps en temps, trouver du plaisir dans les journées sombres, être capable de vivre de la gratitude, même quand tout semble aller de travers, demander une écoute, s’écouter soi-même en prêtant attention à nos besoins… Tout ça, ce sont des façons d’être forte.
Mais moi, je te dis.. Ne ravale pas, ne les essuie pas, tes larmes, laisse couler, accueil. Peu importe ce que tu vis, ce que tu ressens, c’est là pour une raison. Et repousser ce qui est là, ce n’est que repousser à plus tard.
Et tu sais quoi? On peut être fragile, sensible, émotive et forte à la fois. Être fort, ce n’est pas de rien sentir.
Être forte, c’est être qui tu es.
Tu as tous les droits. Tu as le droit de ressentir ce que tu ressens. Et la prochaine fois que quelqu’un te dira d’être forte, souviens-toi que tu l’es bien assez déjà. TU. ES .ASSEZ.
